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Les Saoudiens changent la donne au tennis, mais Montréal reste calme

Le court central du Stade IGA vu de haut.

Le Stade IGA

Photo : Getty Images / Minas Panagiotakis

Avec l’implication de plus en plus intéressée de l’Arabie saoudite dans le tennis professionnel, la place d’un tournoi comme l’Omnium Banque Nationale est-elle menacée?

Fraîchement rentrée de Madrid où elle a pris part à d’importantes rencontres de l’ATP et de la WTA, la directrice du tournoi montréalais Valérie Tétreault n’a pas encore appuyé sur le bouton de panique.

Mais, comme elle l’a laissé entendre dans une entrevue exclusive à Radio-Canada Sports, il est clair que la donne est en train de changer avec l’arrivée à la table de jeu du Fonds d’investissement public saoudien (PIF).

La directrice le reconnaît d’emblée, nul ne peut ignorer l’éléphant dans la pièce.

Ça fait déjà quelque temps que tout cela se trame. C’est vrai que l’Arabie saoudite veut être un joueur très actif dans le monde du tennis comme c’est le cas dans d’autres sports, a-t-elle dit.

Valérie Tétreault dans l'enceinte du stade de tennis.

Valérie Tétreault est d'avis que l'avenir sourira aux tournois de Montréal et de Toronto.

Photo : Radio-Canada / Jean-François Vachon

Elle estime que les conversations en matière de gouvernance du tennis s’avèrent plutôt intéressantes.

L’ATP et la WTA parlent de fusionner certains aspects, notamment en ce qui a trait à la commercialisation du sport, pour s’assurer que l’on a un produit encore plus fort, tant chez les hommes que chez les femmes. C’est une manière de simplifier la façon de présenter le tennis aux amateurs.

Urgence d’agir?

Pendant que les tournois Masters 1000 d’Indian Wells, de Miami, de Madrid et de Shanghai arborent déjà leur association avec le PIF, la direction de celui de Montréal n’a pas été approchée.

La série Masters 1000 comporte 10 destinations, et il est déjà clair qu’au moins l’une d’elles sera détrônée pour faire une place à un nouvel arrêt en Arabie saoudite qui vient d’injecter 2 milliards de dollars américains dans l’ATP et la WTA.

Nous n’allons pas les approcher directement. Cette approche a été faite par l’ATP selon les marchés prioritaires identifiés par le PIF. Leur intention est claire. Dans les derniers mois, on a confirmé la venue des finales de la WTA et de la NextGen de l’ATP. Pour eux, la prochaine étape est d’avoir un Masters 1000.

Selon elle, on ne parle pas de déménager le tournoi de Montréal. Mais la compétition est plus féroce que jamais. Il y a des organisations de tournoi qui ont les poches beaucoup plus profondes que Tennis Canada.

Félix Auger-Aliassime frappe la balle du revers.

Le logo du Fonds d'investissement saoudien (PIF) était bien visible à Madrid derrière Félix Auger-Aliassime.

Photo : afp via getty images / THOMAS COEX

On se compare aux autres tournois Masters 1000 et il va falloir suivre la parade pour ce qui est des investissements à mettre dans notre tournoi pour toujours être à niveau face au reste de la compétition.

Une citation de Valérie Tétreault, directrice de l'Omnium Banque Nationale de Montréal

Elle cite en exemple le tournoi de Cincinnati qui a annoncé un nouvel investissement de l’ordre de 260 millions pour améliorer leurs installations et les services offerts aux joueurs.

Il faut regarder du côté de nos installations. Le tournoi de Montréal s’inscrit chaque année dans une séquence avec Cincinnati en préparation des Internationaux des États-Unis.

On va entrer dans une transition importante parce qu’à compter de 2025, notre tournoi va prendre de l’expansion avec de plus gros tableaux [on passera de 64 à 96 joueurs, NDLR]. Étant donné l’espace limité que l’on a dans le parc Jarry, ça nous amène à être encore plus créatifs dans la façon d’utiliser nos espaces.

Rappelons que le stade IGA a été inauguré en 1996 et qu'il souffera donc bientôt ses 30 bougies.

Contrairement aux idées reçues, Valérie Tétreault ne croit pas que le fait d’avoir un tournoi présenté simultanément à Montréal et à Toronto constitue un désavantage. Au contraire, présenter du tennis de haut niveau sur deux grandes scènes à la fois est un caractère unique au monde sur lequel il faut miser.

Et un toit avec ça?

À la lumière de la tendance observée un peu partout sur la planète tennis, il va de soi que l’installation d’un toit amovible sur le court central du Stade IGA doit faire partie de la discussion sur l’avenir du grand rendez-vous tennistique montréalais.

Des projecteurs éclairent un terrain mouillé et des gradins vides.

Le stade montréalais sous la pluie

Photo : The Canadian Press / Graham Hughes

Encore là, selon la dirigeante, la compétition annonce déjà la couleur.

Ce n’est pas encore un standard exigé par l’ATP ou la WTA. Mais si on se projette un peu plus loin dans le futur, les chances sont que cela devienne un standard. C’est le cas de Madrid, tandis que Rome a déjà confirmé un financement public pour un toit rétractable qui serait prêt en 2026.

La directrice du tournoi montréalais souhaite ainsi illustrer à quel point la compétition vient directement des autres villes présentes dans le club sélect des Masters 1000.

Du tennis à deux niveaux?

En parallèle avec les conversations qu’ont le PIF, l’ATP et la WTA en matière de gouvernance, les discussions ayant cours avec les quatre tournois du grand chelem (Internationaux d’Australie, de France, des États-Unis et Wimbledon) comprennent l’idée d’un circuit supérieur – Premier Tour – auquel seuls les 100 joueurs et joueuses les mieux classés prendraient part.

On se retrouverait un peu avec ce qui existe déjà au soccer avec un circuit élite et un autre pour la relève. L’important est de montrer une certaine ouverture à casser les codes et de voir s’il y a des propositions qui peuvent être plus intéressantes, tant pour les joueurs qui devront accepter ce qu’on leur proposera que pour les amateurs.

Il est difficile d’imaginer que l’on pourrait remplir les gradins du parc Jarry sans avoir la garantie d’y applaudir les plus grandes vedettes du tennis.

C’est notre priorité de nous assurer que l’on garde le même niveau de tournoi que l’on a en ce moment. C’est la bonne nouvelle. Peu importe en ce moment, les différents plans discutés, Montréal et Toronto font partie de ce produit premium. On a fait la preuve au fil des années que lorsqu’on tient le tournoi ici, on attire les meilleures foules. Cela a une valeur tant aux yeux des joueurs qu’à ceux de l’ATP et de la WTA.

Quand on lui demande s’il existe un scénario idéal, Tétreault indique qu’il est un peu tôt pour en parler, mais que des études sont en cours pour mieux comprendre les implications d’une fusion entre l’ATP et la WTA ou lorsque l’on parle de Premier Tour.

Elle s’attend à en connaître les détails quelque part en septembre. Les associations masculine et féminine du tennis professionnel sont à pied d’œuvre pour bâtir une offre plus alléchante que celle prônée par le PIF.

On est encore loin du scénario catastrophe où Montréal perdrait son tournoi. Il n’y a pas de menace, a-t-elle insisté.

L’avenir est beau pour le tennis. C’est un sport encore en croissance. Pour Montréal, on a notre place. On se fait entendre et c’est une chose à laquelle on tient mordicus.

Elle ne se met pas la tête dans le sable devant la place de plus en plus prépondérante de l’argent dans le sport.

C’est un peu la réalité à laquelle l’on fait face. Dans les dernières années, on a vu plusieurs sports en être affectés. Ce n’est malheureusement pas une grande surprise, a-t-elle conclu.

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