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AnalyseComme un parfum de fatalité

Il attend avant de se placer pour la mise au jeu.

Auston Matthews

Photo : Getty Images / Claus Andersen

TORONTO – Des équipes venues de l’arrière pour combler un retard de 1-3 dans une série, ça s’est vu relativement souvent dans l’histoire de la LNH. Trente et une fois pour être précis.

Les Maple Leafs de Toronto eux-mêmes – qui l’aurait cru – y sont déjà parvenus. Ça fait 82 ans. Syl Apps et Turk Broda, à en croire les rumeurs, sont à la retraite. Néanmoins, si l’édition actuelle veut puiser son inspiration dans le passé pas toujours glorieux de l’équipe, elle a un exemple.

Simplement, ce n’est pas l’impression que dégagent ces Maple Leafs. On les dirait plus près de l’abattement, de l’abattoir même, que sur le point d’effectuer une remontée épique. Remarquez, c'est un peu la définition des remontées épiques : rien ne les annonce.

Les Leafs se sont inclinés 3-1 devant les Bruins samedi soir, une deuxième défaite d’affilée à domicile, et les voilà maintenant au bord de l’élimination après quatre petits matchs ce printemps. Alors qu’ils avaient besoin de leur meilleure prestation pour renverser la vapeur, l’entraîneur Sheldon Keefe a admis qu’il s’est agi de leur pire match à l'attaque.

La stratégie des Bruins consiste à fermer la zone neutre, à forcer les Torontois à tirer en périphérie – les joueurs ont bloqué 26 lancers soit un de plus que leur gardien – et à attendre patiemment leur heure en créant des revirements grâce à un échec avant qui a causé des problèmes aux Leafs toute l’année. Cette stratégie a fonctionné à la perfection samedi.

Toronto se targue de limiter les chances de marquer des Bruins, mais n’arrive pas à en générer suffisamment pour battre le gardien Jeremy Swayman, particulièrement performant. Pour une équipe bâtie essentiellement sur l’attaque, voilà un constat d’échec.

On peut bien ouvrir le jeu, mais il n’y a aucune chance qu’eux le fassent. On doit s’en tenir à notre plan de match, a laissé entendre Keefe après la rencontre. Pendant que Toronto pense jouer aux échecs, Boston joue au chat et à la souris.

Il y a toutes sortes de circonstances atténuantes pour les Leafs.

Auston Matthews n’est pas dans son assiette depuis le retour de l’équipe à Toronto. Il est malade depuis quelques jours et les médecins de l’équipe l’ont retiré de la rencontre après la deuxième période. Mitch Marner a d’abord et avant tout la tâche de freiner David Pastrnak à forces égales et il faut bien admettre que, dans l’ensemble, son trio y est arrivé. William Nylander n’est pas au sommet de sa forme non plus. John Tavares, comme nous tous, vieillit.

Les partisans des Leafs n’en peuvent toutefois plus des excuses.

Ce groupe a franchi le premier tour des séries une seule fois au cours des sept dernières saisons – pour s’incliner prestement au second – et est censé être arrivé à maturité, être prêt à gagner, à démontrer qu’il a tiré des leçons de ses échecs répétés et de ses amères déceptions.

L’équipe les porte plutôt comme un fardeau. Ce n’est plus un apprentissage, c’est un interminable chemin de croix.

En fin de deuxième période, les spectateurs ont fait entendre leur mécontentement et ont copieusement hué leurs favoris. Après 40 minutes, dans un match si crucial, les Leafs avaient obtenu quatre chances de marquer toutes situations confondues et perdaient par trois buts.

Même le DJ s’était mis de la partie et enchaînait les tubes discutables d’Imagine Dragons et de David Guetta qui imploraient les locaux à faire tout ce qu’il faut pour gagner peu importe ce que ça prend en leur rappelant qu’ils n’avaient rien à perdre.

Et pourtant, ce serait plutôt le contraire.

Maple Leafs Sports & Entertainment (MLSE), propriétaire des Maple Leafs, a un nouveau président-directeur général en poste. Keith Pelley, selon les collègues torontois, n’entendrait pas faire preuve d’une grande clémence advenant une élimination précipitée. On nous a décrit la chose comme étant un secret de Polichinelle par ici.

C’est donc dire que si les Leafs n’arrivent pas à renverser les Bruins, il ne faudrait pas s’étonner qu’il y ait des changements d’importance. L’édition 2024 des hommes en bleu et blanc a donc quelque chose à perdre.

Frustration et dévouement

Une séquence a circulé abondamment sur les réseaux sociaux en fin de deuxième période. On y voit Mitch Marner et William Nylander particulièrement insatisfaits de la tournure des événements. Le second a lancé quelques mots colorés au premier et ce n’était pas pour l’inviter à souper à Boston.

Comme on pouvait s’y attendre, tous les deux ont minimisé la portée de l’altercation.

Il n’y a pas de [frustration]. Nous sommes de grands garçons. On parlait d’un jeu. On ne se crie pas après parce qu’on se déteste, mais parce qu’on veut être sur la même longueur d’onde.

Une citation de Mitch Marner

On en attend beaucoup l’un de l’autre, on s’aime et on se pousse, a renchéri William Nylander, petit sourire aux lèvres.

Peut-être ne faut-il pas en faire grand cas. C’est rarement un bon signe quand les vedettes d’une équipe commencent à se montrer du doigt, mais ce genre de moments sert parfois aussi de catharsis. On évacue, on repart à neuf.

Sauf que Morgan Rielly a laissé tomber ce commentaire intrigant.

Ça ne sert à rien d’être trop frustré à moins que ça mène à une meilleure discipline au travail, a dit le défenseur.

Il mentionnera la discipline au travail à deux autres reprises dans ses réponses sans que personne ne l’ait amené sur ce terrain. Y a-t-il quelque chose de pourri au royaume du Danemark comme disait William, pas Nylander, plutôt Shakespeare?

Les Maple Leafs sont toujours vivants. Ils ont droit à une autre chance. Une dernière. Comme mentionné ci-haut, à 31 reprises une équipe a réussi à gagner une série après avoir été menée 3-1. C’est possible.

Samedi, ils n’avaient pas l’air d’y croire. Ils ont encore l’occasion de prouver le contraire.

Un bandeau annonçant le balado de Radio-Canada Sports : Tellement hockey

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