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Les correspondants de Radio-Canada sur le terrain

Les correspondants de Radio-Canada sur le terrain

Ils sont nos yeux et nos oreilles aux quatre coins de la planète et sont toujours prêts à boucler leurs valises quand un conflit éclate. Ils nous décrivent et nous vulgarisent le bouillonnement du monde, ses enjeux et ses défis. Des photos tirées de nos archives témoignent du travail trépidant de quelques-uns de nos correspondants internationaux et envoyés spéciaux.

TEXTE : ÉLODIE GAGNÉ | RECHERCHE D'ARCHIVES : SYLVIE COURNOYER | PHOTOS : JEAN-PIERRE KARSENTY, ALEXEI SERGEEV.

Publié le 3 juin 2022

1943

CBC/Radio-Canada a une longue tradition de correspondants à l’étranger qui s’est amorcée en 1939 avec le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, soit trois ans à peine après la fondation du radiodiffuseur public canadien.

Juché sur une butte, micro à la main, le correspondant de guerre Marcel Ouimet enregistre un reportage sur le front italien. Avant d’être envoyé en Europe, le journaliste avait mis sur pied le tout premier service de nouvelles du réseau français de Radio-Canada. Durant dix-huit mois, il sillonne les champs de bataille avec les troupes britanniques et canadiennes afin de rapporter les événements aux auditeurs canadiens.

Au cours de son séjour outre-Atlantique, Marcel Ouimet produit près de 200 reportages sur le front, majoritairement en français, mais aussi en anglais. Il décrit notamment un premier Noël passé sur la ligne de feu avec les soldats canadiens, assiste au débarquement de Normandie, puis annonce le suicide d’Adolf Hitler.

1963

La journaliste Judith Jasmin est la première femme à exercer la fonction de correspondante à l’étranger pour Radio-Canada. Dès le milieu des années 50, elle parcourt le monde afin de faire découvrir différentes réalités au public canadien.

Notre photo nous la montre assise à un petit pupitre au beau milieu de la grande place de Mostaganem, en Algérie. La présence d’une journaliste canadienne sur le terrain suscite beaucoup de curiosité, occasionnant même un attroupement. La journaliste recueille sur le terrain des témoignages pour un long reportage diffusé le 26 octobre 1963 qu’elle intitulera Algérie, chère indépendance.

Pour les émissions Premier plan et Champ libre, Judith Jasmin est aussi appelée à décrire la vie en Haïti sous le régime Duvalier ou encore l’anti-franquisme de la jeunesse en Espagne. Au milieu des années 1960, elle devient correspondante auprès des Nations unies pour Radio-Canada. Postée à New York, puis à Washington, Judith Jasmin s’assure de ne pas seulement rendre compte de ce qui se trame dans les sphères diplomatiques, mais aussi de sortir dans la rue pour accompagner notamment les manifestations pour les droits civiques.

1974

Le journaliste Pierre Nadeau jouit déjà d’une grande notoriété lorsqu’il pose aux côtés de cet immense globe terrestre pour faire la promotion de l’émission Le 60. République arabe unie (RAU), Union des républiques socialistes soviétiques (URSS), certains pays ont été redessinés depuis, mais nombre d'entre eux ont fait l’objet d’un reportage dans le cadre de cette émission diffusée de 1972 à 1977. Au cours de cette période, Pierre Nadeau remporte d’ailleurs le Concours du plus bel homme au Canada organisé par l’animatrice Lise Payette!

Dans son autobiographie, Pierre Nadeau confiait ne pas aimer rester en place. Comme correspondant à Paris dans les années 1960, il est appelé à se rendre dans différents pays d’Europe, mais aussi en Afrique et au Proche-Orient. En 1966, il passe trois semaines au Vietnam afin de témoigner de la guerre.

Le 60 demeure l’émission télévisuelle qui le fait voyager le plus à travers cette carrière effervescente. Au cours d’une même semaine, le journaliste peut partir outre-mer pour couvrir un sujet d’actualité brûlant, revenir pour présenter ce magazine d’information hebdomadaire, puis préparer les prochains sujets durant la fin de semaine.

1984

Bâton en main, le bas du corps bien enfoncé dans un marais, cette photo témoigne d’un voyage plutôt risqué que le correspondant Jean-François Lépine effectue au Cambodge en 1984. Il parvient alors à convaincre des combattants khmers rouges de lui permettre de les suivre durant deux semaines dans le maquis où ils ont établi le quartier général de leur guérilla.

L’année suivante, il visite un autre camp, celui du Front national de libération du peuple khmer à la frontière thaïlandaise afin d’illustrer les différents mouvements militaires qui prennent part à cette troisième guerre d’Indochine.

Comme correspondant, Jean-François Lépine est basé à Pékin de 1983 à 1986, puis à Paris, de 1986 à 1988 et à Jérusalem, de 1988 à 1990. Les émissions Zone libre et Une heure sur Terre qu’il anime par la suite l’amènent aussi à courir le monde pour le présenter aux téléspectateurs jusqu’à sa retraite de Radio-Canada, en 2013.

1992

Jean-Michel Leprince est nommé correspondant au bureau de Radio-Canada à Washington au moment où George Bush père s’installe à la Maison-Blanche. Il couvrira l’ensemble du mandat du 41e président des États-Unis avant d’ouvrir en 1994 le tout premier bureau de Radio-Canada en Amérique latine.

Basé à Mexico, le correspondant s’intéresse dès le début de son mandat aux délicats dossiers du narcotrafic et de la corruption chez les dirigeants mexicains. Il réalise aussi des reportages marquants sur la guerre civile en Colombie, l’épopée tragique de Che Guevara en Bolivie et le régime castriste de Cuba auquel il obtiendra des accès privilégiés à travers les années.

Jean-Michel Leprince couvre l’Amérique latine depuis près de trente ans, mais il compte aussi à son actif plusieurs expériences comme envoyé spécial dans des zones chaudes. Il a notamment couvert le débarquement américain et canadien en Somalie, le siège de Sarajevo et, plus récemment, le coup d’État contre le président Jovenel Moïse à Haïti.

2002

Céline Galipeau pose devant l’emblématique cathédrale Saint-Basile-le-Bienheureux, située à l'extrémité sud de la place Rouge de Moscou. Pour la journaliste qui a grandi à l’étranger, exercer la fonction de correspondante est un rêve qu’elle caressait depuis son entrée à Radio-Canada en 1984.

C’est en 1990 que la journaliste couvre un premier grand conflit comme envoyée spéciale : la guerre du Golfe. Une expérience qui lui permet de décrocher en 1992 un premier poste de correspondante à Londres, puis à Moscou, Paris et Pékin.

Tout en étant correspondante, Céline Galipeau se démarque par des reportages en zone de conflit, notamment en Tchétchénie, au Kosovo, en Irak et en Algérie. Céline Galipeau séjourne également plusieurs fois en Afghanistan afin de proposer des reportages en profondeur sur cette région du monde.

Après une dizaine d’années aux quatre coins de la planète, Céline Galipeau rentre au pays en 2003 afin de prendre la barre du Téléjournal week-end, puis du Téléjournal en 2009. Sa fonction de cheffe d’antenne ne l’empêche pas de se rendre ponctuellement à l’étranger pour préparer des séries de reportages et présenter des éditions spéciales du Téléjournal, comme tout récemment en Ukraine.

2016

Même pays, mais autre décennie et visiblement autre période de l’année, le journaliste Raymond Saint-Pierre a également été correspondant au bureau de Radio-Canada à Moscou. Le journaliste, que l’on reconnaît à ses lunettes rondes et à son pragmatisme, nous a fait voir le monde à partir de Washington, Londres, Paris et Pékin avant de terminer son parcours de correspondant à Moscou.

Comme envoyé spécial en Allemagne, il assiste à l’un des événements les plus significatifs de l’histoire contemporaine : la chute du mur du Berlin. Le mur s’en va!, lance-t-il au Téléjournal du 11 novembre 1989 alors que, derrière lui, des Berlinois sont occupés à détruire frénétiquement ce symbole. Un moment aussi marquant pour les téléspectateurs que pour ce journaliste de terrain.

D’autres se souviendront de la série de reportages qu’il réalise sur les conséquences de l’ouragan Katrina, en Louisiane, où il ne se gêne pas pour critiquer ouvertement le travail de l’armée américaine. Au cours de sa carrière qui s’échelonne sur près de 40 ans, Raymond Saint-Pierre a su gagner la confiance du public en vulgarisant les enjeux auxquels le monde fait face par l’entremise du regard de ceux qui les vivent.

2015

Sur une place de Paris, le journaliste Jean-François Bélanger tient entre ses mains un exemplaire du Charlie Hebdo lors de son intervention au Téléjournal. Une semaine plus tôt, le 7 janvier 2015, le journal satirique a été la cible d’un attentat terroriste.

Le correspondant rend compte pour Radio-Canada de la cascade d’événements qui font suite à cette attaque. Le 9 janvier 2015, il est en direct sur les ondes d’ICI RDI lorsqu’un assaut est lancé par la police afin de traquer les terroristes à la Porte de Vincennes.

Puis, au matin du 14 janvier 2015, il s’adresse aux téléspectateurs afin de leur présenter une autre facette de cette tragédie. En quelques minutes, il s’est vendu autant d’exemplaires du journal Charlie Hebdo qu’en une année entière. Les Français se sont arraché le numéro des survivants, le premier publié par la rédaction du Charlie Hebdo depuis la perte de huit membres de son équipe dans cette tuerie.

De retour en Amérique depuis 2019, le journaliste travaille à présent comme correspondant au bureau de Radio-Canada à Washington. Il a aussi été correspondant en Afrique de 2001 à 2007 – sa plus longue affectation et à Moscou de 2010 à 2014.

2013

La journaliste Sophie Langlois a été correspondante de Radio-Canada pour l’Afrique durant six années. Après avoir été basée au Sénégal de 2007 à 2009, elle a continué de couvrir le continent à partir de Montréal jusqu’en 2013.

L’année 2013 marque le décès de Nelson Mandela, ancien président d’Afrique du Sud et figure emblématique de la lutte contre l'apartheid. Sophie Langlois s’envole pour le continent africain sitôt l’annonce de sa mort.

Sur notre photo, Sophie Langlois pose tout sourire devant le stade FNB Stadium de Soweto avec le caméraman Martin Cloutier et la réalisatrice Louise Gravel. Au cours de cette période de deuil national, les Sud-Africains célèbrent joyeusement la mémoire de Nelson Mandela, notamment dans ce stade où se tient une cérémonie publique en son honneur. Cela se ressent dans la série de reportages que la petite équipe réalise sur l’héritage de l’homme d’État et la situation économique et sociale du pays durant les deux semaines de leur séjour en Afrique du Sud.

Les reportages de Sophie Langlois rendent compte des nombreux conflits et crises humanitaires qui ont secoué le continent africain dans les dernières décennies, mais sont souvent empreints d’espoir. On se souvient aussi de la couverture marquante de la journaliste en Indonésie à la suite du tsunami qui a frappé l’Asie à la fin de l’année 2004. Auparavant, la correspondante était aussi passée par le bureau de Radio-Canada à Washington.

2016

Comme correspondante au Moyen-Orient, Marie-Eve Bédard a fréquemment été envoyée en zone de guerre avec son collègue caméraman-réalisateur Sylvain Castonguay. Un type d’affectation qui exige une grande préparation et bien souvent une formation spécifique afin de permettre aux équipes de diminuer les risques tout en exerçant leur métier efficacement.

Avec son casque et son gilet pare-balles, Marie-Eve Bédard accompagne des militaires d'une brigade de l'armée irakienne aux portes de Bagdad. Elle se trouve au cœur du commandement des opérations qui mène la bataille contre le groupe armé État islamique. Au Téléjournal du 9 septembre 2015, la journaliste explique notamment que les combattants qu’elle a rencontrés sont déçus par l’aide promise par la coalition internationale pour cette mission, dont fait partie le Canada.

À Radio-Canada depuis 1996, Marie-Eve Bédard a couvert l'actualité internationale sur tous les continents à titre de réalisatrice aux bureaux de Washington et de Moscou, puis comme journaliste-réalisatrice à l'émission Une heure sur terre. Entrée en poste au Moyen-Orient peu de temps après les événements du printemps arabe, la correspondante a couvert cette région de 2013 à 2019 à partir de Beyrouth, au Liban. Elle est à présent correspondante pour Radio-Canada à Paris.

2016

Assise à califourchon sur un muret, son carnet de notes posé sur une jambe, la journaliste Anyck Béraud rédige un texte pour la radio alors qu’une manifestation se tient sur la place Taksim, à Istanbul. La correspondante pour Radio-Canada en Asie suit la situation de près en Turquie depuis le coup d’État raté contre le président Recep Tayyip Erdogan.

Cette photo nous montre bien les conditions parfois agitées dans lesquelles les journalistes doivent réaliser leur travail. Derrière la correspondante, une fusée de détresse vient d’être lancée à travers la foule composée de partisans pro-Erdogan qui brandissent des drapeaux turcs et autres affiches en soutien au chef d’État. Anyck Béraud demeure malgré tout bien concentrée et déterminée à livrer son reportage. Dans ses différentes interventions à la radio, elle expliquera que ce rassemblement fait suite à l’annonce de l’instauration d’un état d’urgence pour une durée de trois mois.

Comme envoyée spéciale, Anyck Béraud a couvert pour la radio de grands événements comme les funérailles de Nelson Mandela, le Brésil au temps des Jeux olympiques ou encore le printemps arabe. Avant d’être basée à Pékin, elle a été correspondante à Washington de 2004 à 2007, à Jérusalem de 2007 à 2010 et à Paris de 2010 à 2014.

2016

Le long micro et les écouteurs sur les oreilles de Sylvain Desjardins nous indiquent que la radio est le principal médium de ce journaliste et correspondant de Radio-Canada. Empruntant la posture du méditant, ses chaussures retirées et son calepin placé tout près de lui, il recueille un précieux témoignage pour une série de reportages destinée à la chaîne ICI Première.

La jeune femme voilée qu’il interroge en toute délicatesse dans ce camp de déplacés à Maiduguri, au Nigeria, a été enlevée puis libérée par le groupe djihadiste Boko Haram. Marquée par sa captivité, elle doit maintenant se faire accepter de nouveau par sa communauté, explique-t-il dans un de ses reportages diffusés au Radiojournal et dans le cadre des émissions L’Heure du monde et Désautels le dimanche.

Sylvain Desjardins est alors correspondant pour Radio-Canada en Europe, mais il se déplace fréquemment comme envoyé spécial sur d’autres continents. Entre 2001 et 2011, il se rend à cinq reprises en Afghanistan pour décrire ce pays frappé par la guerre contre le terrorisme. La menace terroriste, un enjeu mondial qui l’interpelle et que le journaliste a analysé en Algérie, en Tunisie, comme en France et en Catalogne.

2017

Depuis 2018, c’est la journaliste Tamara Alteresco qui officie comme correspondante de Radio-Canada en Russie. Elle s’était auparavant illustrée dans la couverture de nombreux événements internationaux, dont la campagne présidentielle américaine de 2016.

Cette photo nous dévoile ce que l’œil de la caméra ne cadre pas habituellement pour le Téléjournal. Le dispositif d’éclairage permet de bien mettre en valeur le décor de la place Rouge derrière la journaliste qui porte un élégant foulard noué au cou et des espadrilles (non visibles) au pied. La photo a été prise par le caméraman Alexei Sergeev qui a travaillé au bureau de Radio-Canada à Moscou pendant près d’un quart de siècle.

Le 18 mai 2022, dans le contexte de la guerre en Ukraine, l’équipe apprend que les autorités russes ordonnent la fermeture du bureau de Radio-Canada et retirent ses accréditations à la correspondante Tamara Alteresco. Le gouvernement de Vladimir Poutine agit ainsi en représailles au Canada qui avait banni la chaîne Russia Today de son territoire.

Cette expulsion de Moscou est une première pour un bureau de CBC/Radio-Canada à l’étranger. Un jour noir – bien qu’isolé – dans une longue histoire de couverture internationale pour le diffuseur public canadien qui a été présent au cours des 44 dernières années en Russie.

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