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Moi et l’autre : l’humour émancipé

Moi et l’autre : l’humour émancipé

Diffusée de 1966 à 1971, Moi et l’autre est l’une des émissions les plus populaires de l’histoire de notre petit écran. Nos archives vous proposent une incursion dans l’univers de cette série culte qui se terminait il y a 50 ans.

TEXTE : SOPHIE CARON | RECHERCHE D'ARCHIVES : SYLVIE COURNOYER PHOTOS : ANDRÉ LE COZ, JEAN-PIERRE KARSENTY, BOUTHILLIER

Publié le 31 août 2021

L’année 1966 marque les débuts de la télévision couleur. Moi et l’autre fait partie de ces premières émissions en couleurs de Radio-Canada qui s’ouvrent avec le papillon multicolore. Du 11 octobre 1966 au 31 août 1971, les 187 épisodes de 25 minutes dérident les téléspectateurs tous les mardis soir.

Dès la première année de diffusion, les cotes d’écoute témoignent de la popularité de Moi et l’autre. La série attire près de 2 millions de personnes par semaine, soit 63 % de tout le public à l’écoute au Québec.

L’émission est écrite par Gilles Richer et réalisée par Jean Bissonnette. Quand Moi et l’autre débute en 1966, le genre sitcom est déjà bien implanté aux États-Unis. Mais les comédies de situation où l’histoire est bouclée en un épisode restent encore méconnues au Québec.

Dans la série, Dominique Michel et Denise Filiatrault sont respectivement Dominique André et Denise Létourneau, deux artistes qui évoluent dans l’univers des variétés. Chacune des vedettes qui apparaissent dans l’émission y joue son propre rôle.

Libres et financièrement indépendantes, les deux célibataires dans la jeune trentaine habitent un chic immeuble du centre-ville de Montréal. Dans le Québec des années soixante, il est encore mal vu pour une femme de quitter la maisonnée familiale sans être mariée.

Toujours à la page, les deux colocataires s’inspirent d’icônes de la mode en vogue pour se vêtir et se coiffer. Denise arbore une tignasse qui rappelle la mannequin britannique Jean Shrimpton, alors que Dominique porte les cheveux courts et les faux cils à la Twiggy Lawson.

Les vêtements, créés par le costumier Yvon Duhaime, en scandalisent quelques-uns. Les mini-jupes et les robes ajustées composent une bonne partie de la penderie de nos deux amies.

Mesdemoiselles Létourneau et André ne sont pas non plus du genre à attendre longtemps près du téléphone l’appel d’un prétendant. En matière de séduction, elles ont plutôt tendance à prendre les devants.

Avant Moi et l’autre, le duo de fantaisistes était déjà connu du public pour ses numéros humoristiques joués sur les planches du Beu qui rit, le cabaret de Paul Berval situé rue Sherbrooke, à Montréal.

Pour l’émission, les actrices ont gardé la même dynamique qui animait le tandem. La grande blonde entraîne la petite brunette dans ses aventures. Que ce soit pour gagner un concours, obtenir les faveurs d’un producteur, séduire un bel Espagnol ou devenir riche avec le pétrole, Dominique se retrouve presque toujours à faire les frais des plans de Denise.

Roger Joubert et Réal Béland personnifient M. Lavigueur, le gérant de l’immeuble, et Gustave, son concierge aussi naïf que sympathique. Les deux hommes au grand cœur sont eux aussi entraînés malgré eux dans les histoires abracadabrantes de leurs deux charmantes et ratoureuses locataires.

Nous devons également au polyvalent Roger Joubert la composition du pétillant thème d’ouverture de l’émission.

Les comédiens de Moi et l’autre répètent plusieurs jours par semaine. Durant les deux premières saisons, les émissions sont enregistrées devant public le samedi soir au studio 40 de l’immeuble de Radio-Canada, rue Dorchester, à Montréal. Le rythme de l’émission est soutenu, les scènes sont souvent acrobatiques et requièrent une bonne dose d’énergie.

En mars 1969, les comédiens de la série présentent une revue de théâtre sous le thème de Moi et l’autre à la Comédie canadienne. Dominique Michel et Denise Filiatrault pratiquent la chorégraphie d’Alain Lund.

Plusieurs artistes ont défilé sur le plateau de Moi et l’autre. Un des épisodes les plus mémorables ayant le plus impressionné le public est sans doute celui où Dominique se rend chez son dentiste et tombe nez à nez avec Charles Aznavour. Tentant de se faire remarquer par lui dans la salle d’attente, elle fredonne ses airs les plus connus, au grand découragement du célèbre chanteur.

En 1969, Moi et l’autre prend un nouveau tournant. L’équipe se rend sur le Vieux Continent pour un enregistrement. Dans cet épisode, un coup de foudre a lieu sous le ciel de Paris. Dominique fait la connaissance de celui qui deviendra son mari, François Dupuis, joué par le comédien Jean-Paul Dugas.

C’est aussi en 1969 que la série se voit décerner le prix Mandarine qui récompense la meilleure émission de télévision.

Le mariage avec l’avocat parisien n’empêchera pas Dominique de poursuivre ses clowneries. Lui aussi en verra de toutes les couleurs.

Dominique et Denise demeureront dans le même immeuble jusqu’à la fin de la série, mais dans des appartements différents, ce qui donnera lieu à d’autres intrigues.

Durant cinq années, la série Moi et l’autre aura provoqué l'hilarité des foules en studio et dans les foyers. Du 6 septembre 1995 au 23 avril 1997, une suite de la série est diffusée à Radio-Canada. Dominique, devenue veuve, habite de nouveau avec Denise.

Denise Filiatrault signe les textes de cette deuxième mouture produite par Avanti. La distribution demeure la même, à l’exception de Réal Béland, décédé en 1983 et remplacé par le comédien Martin Drainville, qui joue le rôle de Gustave junior.

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