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Procès de Dallas Ly : « J’ai vu rouge et j'ai perdu les pédales », dit l'accusé

Tien Ly a disparu après son travail au salon de manucure le soir du 27 mars 2022 et son corps décapité a été retrouvé deux jours plus tard dans des sacs poubelle.

La photo de police de Dallas Ly prise le 2 avril 2022.

Dallas Ly est accusé d'avoir tué sa mère et d'avoir démembré son corps avant de le jeter aux vidanges dans le quartier Leslieville la nuit du 28 mars 2022.

Photo : AVEC L'AUTORISATION DE LA COUR SUPÉRIEURE DE L'ONTARIO

À Toronto, Dallas Ly a admis mercredi après-midi à la barre des témoins de son procès qu'il avait tué sa mère. Le jeune homme de 23 ans est accusé du meurtre non prémédité de Tien Ly en mars 2022 dans l'est de la métropole.

Dallas Ly a plaidé non coupable à une accusation de meurtre non prémédité, bien qu'il ait déjà admis à la police qu'il l'avait assassinée.

Avertissement : des informations contenues dans cet article pourraient choquer certains lecteurs.

Le portrait de Tien Ly.

Dans ce procès, la Couronne a besoin d'établir le mobile du meurtre de la victime de 46 ans à défaut de prouver la culpabilité de l'accusé.

Photo : offerte par la police de Toronto

C'est un jeune homme timide, à la voix douce et vêtu d'un complet gris qui a accepté de témoigner à son procès.

Dallas Ly affirme qu'il a dit à sa mère, la nuit du 27 mars 2022, qu'il la quittait, mais qu'elle lui a barré le chemin dans l'appartement qu'ils partageaient.

En répétant les mots de Tien Ly, il change alors de ton en hurlant à son tour dans sa langue maternelle avant de les traduire.

Elle criait qu'elle allait me tuer, que je n'avais nulle part où aller et que je lui devais 25 000 $ en loyer, dit-il.

Une capture d'écran de la victime prise d'une caméra de surveillance de l'ascenseur de son immeuble.

Tien Ly entre dans l'ascenseur de son immeuble pour monter au 9e étage. Il ne lui reste que quelques minutes à vivre.

Photo : AVEC L'AUTORISATION DE LA COUR SUPÉRIEURE DE L'ONTARIO

Son avocate, Jessyca Greenwood, prend le soin de lui faire dire qu'il ne devait aucun argent à sa mère.

Dallas Ly précise que sa mère était en colère, mais qu'il continuait à lui dire qu'il ne voulait plus vivre avec elle.

Viens ici que je t'assassine, a-t-elle alors hurlé, déclare-t-il en soulignant que Tien Ly ne décolérait pas.

Une illustration judiciaire du procès.

Jessyca Greenwood, l'avocate de Dallas Ly (en haut à droite) soutient qu'il a été tyrannisé durant son enfance et qu'il a agi sous le coup d'une impulsion, parce qu'il est atteint de stress post-traumatique.

Photo : Radio-Canada / Pam Davies

Dallas Ly affirme qu'il ne lui répondait pas, mais qu'il souhaitait toujours quitter l'appartement.

J'avais déjà pris mon équipement de camping, des vêtements et mon sac à dos, poursuit-il en disant que sa mère l'a alors traité d'ingrat en faisant référence à sa sœur.

J'ai fait venir ta tante du Vietnam, vous êtes tous les deux dans le coup, mais j'espère que tu te ramasseras sur la rue Yonge à crever la faim; si tu meurs, je ne visiterai jamais ta tombe.

Une citation de Dallas Ly en répétant des paroles qu'il attribue à sa mère

Il ajoute que sa mère a commencé à le frapper avec son poing, qu'il a tenté de se protéger, mais qu'elle criait à tue- tête. Je vais vous tuer ta tante et toi, aurait-elle dit avec véhémence.

Une illustration judiciaire.

Jamais Dallas Ly ne versera de larmes durant son témoignage en se commémorant le meurtre.

Photo : Radio-Canada / Pam Davies

Dallas Ly souligne qu'il a alors vu rouge, qu'il a perdu les pédales et qu'il a saisi un couteau de chasse en l'agitant devant elle avant de l'atteindre mortellement au cou.

Elle est aussitôt tombée par terre, j'ai lâché le poignard et je suis allé laver mes mains tachées de sang, dit-il.

Il souligne qu'il est ensuite allé écouter de la musique dans sa chambre.

Je l'ai appelée au travail, parce qu'il se faisait tard et qu'elle n'était toujours pas rentrée, mais sans réponse, déclare-t-il.

Une illustration judiciaire du procès.

L'avocate de la défense, Me Greenwood, a fait dire à son client qu'il ne s'est jamais plaint et qu'il n'a jamais défié sa mère.

Photo : Radio-Canada / Pam Davies

Le jeune homme ajoute qu'il a alors réalisé deux heures plus tard ce qu'il venait de faire, qu'il a paniqué et qu'il est retourné dans l'entrée pour la décapiter.

Je voulais la découper en morceaux, mais c'était trop répugnant, j'ai alors décidé de cacher son corps dans des sacs poubelle et de les jeter dans un parc, souligne-t-il.

Il souligne qu'il a nettoyé l'appartement avant de partir. Il confirme en outre que c'est bien lui que l'on aperçoit sur les vidéos des caméras de surveillance de son édifice et du quartier.

Capture d'écran de Dallas Ly de la caméra de surveillance de l'ascenseur de l'immeuble de la victime.

Dallas Ly quitte l'appartement de sa mère où il vit avec un chariot d'épicerie rempli de sacs-poubelle.

Photo : AVEC L'AUTORISATION DE LA COUR SUPÉRIEURE DE L'ONTARIO

Dallas Ly ajoute qu'il a abandonné les sacs sur un terrain vague sur l'avenue Eastern au sud de son appartement.

Je me sentais tellement coupable que j'ai laissé le chariot sur place avant de rentrer chez moi, souligne-t-il.

Une fuite à la débandade

Dallas Ly explique que sa première pensée était de retourner au Vietnam. Il affirme qu'il a pris son passeport, des vêtements, et qu'il est allé à l'aéroport Pearson, mais qu'il n'y avait aucun vol cette nuit-là.

Il ajoute qu'il s'est alors dirigé vers Niagara Falls aux États-Unis, parce qu'il a songé à prendre l'avion pour New York. Sans succès.

Capture d'écran de Dallas Ly de la vidéo de surveillance du corridor qui mène de l'ascenseur au lobby de son immeuble.

Dallas Ly marche à reculons dans le corridor qui mène de l'ascenseur au lobby de l'immeuble de la victime. Il est passé 23h, le dimanche 27 mars 2022.

Photo : AVEC L'AUTORISATION DE LA COUR SUPÉRIEURE DE L'ONTARIO

Dallas Ly conclut qu'il est alors retourné au pays pour coucher dans un motel à Hamilton la première nuit, puis à l'Armée du salut les nuits suivantes.

Il confirme qu'il a bien envoyé des messages textes à ses amis et qu'il les a même appelés, parce qu'il ne savait pas quoi faire.

Il explique que leurs messages de soutien lui ont donné la force de se rendre aux autorités et d'endosser l'entière responsabilité de ses actes.

Capture d'écran de Dallas Ly à partir de la caméra de surveillance du lobby de son immeuble.

Dallas Ly revient les mains vides à son appartement après l'avoir quitté plus d'une heure. Il est maintenant passé minuit le 28 mars 2022.

Photo : AVEC L'AUTORISATION DE LA COUR SUPÉRIEURE DE L'ONTARIO

Ils me disaient que j'étais toujours une bonne personne, se souvient-il en précisant qu'il n'avait encore jamais senti une telle affection dans sa vie.

Un souffre-douleur

Dallas Ly déclare à Me Greenwood que sa mère a commencé à le battre à l'âge de 6 ans, lorsqu'il a échoué à un examen d'orthographe à l'école. J'ai toujours eu des difficultés en classe, précise-t-il.

Il affirme qu'il a grandi d'abord dans une maison sur l'avenue Pape, principalement avec sa mère. Mon père nous a quittés lorsque j'avais 11 ans, dit-il.

Il ajoute que sa mère lui a dit un mois plus tard que son père était mort au Vietnam. Je l'ai crue, c'était terrible, je suis devenu déprimé, poursuit-il.

Une illustration judiciaire du procès.

Le procureur Jay Spare regarde des photos de Dallas Ly torse nu que l'avocate de l'accusé projette sur des écrans. On y voit les cicatrices de blessures qu'il a subies au dos.

Photo : Radio-Canada / Pam Davies

Dallas Ly explique toutefois que la police lui a révélé à son arrestation qu'elle avait contacté son père et qu'il a réalisé que sa mère lui avait menti.

Il n'a par ailleurs que des bons mots pour ses grands-parents et sa tante Huyen qu'il a décrits comme des gens merveilleux, attendrissants et généreux.

Il reconnaît que sa relation avec sa mère a toujours été difficile, surtout lorsqu'il était à l'école, et qu'il n'a connu que deux événements heureux dans sa vie : un voyage en famille à Niagara Falls, puis au Vietnam.

Une illustration judiciaire du procès.

La sœur de la victime, Huyen Ly, répond à l'avocate de son neveu Dallas Ly (à l'avant-plan à gauche), Jessyca Greenwood. Elle est assistée par un traducteur anglais-vietnamien.

Photo : Radio-Canada / Pam Davies

Dallas Ly précise qu'elle le disciplinait pour son comportement qu'elle désapprouvait ou ses piètres résultats scolaires, en commençant à un jeune âge par des tapes sur les mains et des gifles au visage.

En grandissant, elle me battait avec un gratte-dos en bambou muni d'un crochet en disant que j'étais stupide et que je ratais les occasions qui s'offraient à moi.

Une citation de Dallas Ly, accusé

Le jeune homme se rappelle que la sévérité du châtiment variait selon la gravité de l'humeur de sa mère.

Il confirme qu'il a avoué à une amie que sa mère le battait lorsqu'elle l'a surpris un jour à l'école en train de pleurer. Je pensais que c'était normal d'être puni de cette façon, conclut-il.

Il admet qu'il n'a jamais averti la direction de son école, parce que sa mère lui disait que cela ne ferait que jeter l'opprobre sur la famille.

Son témoignage se poursuit jeudi.

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