Le plan d’action des soins primaires au N.-B. vise la relance d’un programme de 2017
La province annonce des incitatifs pour finalement déployer son modèle d’équipes de médecine familiale.
Plus de 92 000 personnes attendent pour avoir un médecin de famille au Nouveau-Brunswick. (Photo d'archives)
Photo : Getty Images / SetsukoN
Le gouvernement du Nouveau-Brunswick espère qu’un plan d’équipes de santé collaboratives annoncé il y a sept ans, et qui n’a fait que du surplace, pourra finalement prendre son envol.
La province base son nouveau plan d’action de soins de santé primaire, dévoilé mardi, sur le programme Médecine familiale Nouveau-Brunswick qui avait été lancé en 2017.
Celui-ci a besoin d’un certain nombre de changements, reconnaît le ministère de la Santé. En cinq ans, seulement 55 médecins se sont enrôlés. L’adhésion des médecins dans les régions francophones, en particulier, est très faible.
La province crée donc des incitatifs pour convaincre les fournisseurs de soins de joindre des équipes collaboratives.
- une augmentation de 15 % du taux de capitation, qui permet de verser un montant fixe aux médecins en fonction du nombre de patients.
- une allocation annuelle de 15 000 $ pour l’embauche à temps plein d’une infirmière immatriculée, ou une allocation annuelle de 10 000 $ pour l’embauche à temps plein d’une infirmière auxiliaire autorisée.
- un paiement d’allègement des frais généraux jusqu’à 40 000 $ par année, selon le nombre de patients
- le droit de facturer un pourcentage plus élevé de la rémunération à l’acte entre 18 h et 7 h, ainsi que les fins de semaine.
Le plan du gouvernement prévoit aussi l’intégration de nouveaux professionnels complémentaires
dans ces équipes de santé, comme des pharmaciens, des physiothérapeutes, des conseillers en santé mentale et des diététistes. Le rôle de collaboration des pharmaciens avec le programme Médecine familiale Nouveau-Brunswick sera aussi élargi.
En 2017, Médecine familiale Nouveau-Brunswick avait été présenté comme un modèle avantageux pour améliorer l’accès aux soins pour les patients, et l’équilibre travail-famille des travailleurs de la santé.
Bruce Fitch (à droite) est ministre de la Santé du Nouveau-Brunswick. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada
Le ministre de la Santé du Nouveau-Brunswick, Bruce Fitch, est convaincu que ce deuxième essai serait le bon, et que les ressources financières que déploie le gouvernement provincial devraient cette fois pouvoir convaincre plus de docteurs.
Il n’a pas chiffré ces ressources. Cependant, le sous-ministre de la Santé, Eric Beaulieu, avait dit en comité parlementaire en février que le ministère s’est engagé à financer le plan d’action à hauteur de 10,3 millions par année.
Bruce Fitch dit que des représentants du gouvernement vont rencontrer la Société médicale du Nouveau-Brunswick ce mois-ci. Il espère que les changements à la structure de rémunération seront mis en place dans l’exercice financier en cours.
Comment seront mesurés les résultats?
Dans le document de présentation de son plan, le gouvernement reconnaît que le secteur des soins primaires est réputé pour son manque de gestion, de surveillance et de structure de gouvernance
.
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Deux autorités de gouvernance
seront donc créées. La première est une table sur le leadership et la responsabilisation
qui réunira tous les mois les régies régionales de santé, Extra-mural/Ambulance Nouveau-Brunswick et le ministère.
L’autre est une table formée de professionnels de différents groupes de fournisseurs de soins et de défenseurs des droits des patients. Elle se réunira chaque trimestre.
Une fois que les données à recueillir auront été cernées et que le suivi aura été mis en place, le gouvernement provincial espère publier ces données sur les soins de santé primaires sur une base annuelle afin d’informer les citoyens des progrès accomplis
, promet-on.
La bonne direction, mais un effort insuffisant
La Dre Paula Keating, présidente de la Société médicale du Nouveau-Brunswick, est satisfaite de voir un plan d’action, mais considère qu’il est insuffisant. Elle renouvèle son appel pour du financement adéquat.
Les médecins et le gouvernement sont d’accord sur la direction à prendre, c’est-à-dire un modèle de médecine collaborative et d’équipes de soins, mais on doit accélérer leur mise en place
, déclare la Dre Keating.
La Dre Paula Keating est présidente de la Société médicale du Nouveau-Brunswick. (Photo d'archives)
Photo : CBC
En avril, plus de 92 000 Néo-Brunswickois étaient en attente d’un médecin de famille, souligne-t-elle. Pendant ce temps, des médecins de famille continuent de fermer leurs cabinets, ou arrivent à la limite du nombre de patients qu’ils peuvent accepter.
Nous avons besoin d’un plan conjoint, approuvé par les parties prenantes, avec des cibles bien définies et les ressources correspondantes, pour être imputables envers les patients à travers la province
, soutient la Dre Keating.
Au Syndicat des infirmières et infirmiers du Nouveau-Brunswick (SIINB), la présidente Paula Doucet est déçue par un plan dans lequel elle dit voir peu de choses s’adressant aux infirmières auxiliaires autorisées, praticiennes ou immatriculées.
Le plan, ajoute-t-elle, rate la cible
sur l’enjeu crucial de la rétention des infirmières.
La province est incapable de retenir suffisamment de travailleurs de la santé d’expérience, et cela devrait être rectifié immédiatement
si l’on espère améliorer les soins, déclare Mme Doucet.
D’après le reportage de Bobbi-Jean MacKinnon, CBC